La société post-COVID ne sera plus la même qu’avant, n’en déplaise aux partisans des conservatismes de tous poils.
Les croyances se défont les unes après les autres : tout ce qui paraissait solidement ancré, tend à s’évaporer comme neige au soleil.
Le monde des illusions s’effrite :
Les institutions inventent chaque jour des process qui génèrent de la complexité, et ne répondent plus aux besoins d’une société en manque de repères.
Le pouvoir de la science et du progrès a été largement mis à mal par les vagues de confinements successifs et les injonctions vaccinales.
L’enseignement et la médecine conventionnelle n’en finissent pas de se chercher, ployant sous le joug des réformes successives.
L’industrie 4.0 entièrement automatisée, froide et robotisée, sans âme si personnalité, ne retient plus les compétences et les talents sinon technologiques, vidée de son sens et d’un projet d’entreprise collectif.
Les médias sont décriés et menacés d’extinction, que ce soit la presse écrite, la radio ou les journaux télévisés, et courent après le scoop du siècle.
Les réputations se font et se défont à l’aune des réseaux sociaux, qui deviennent des réceptacles de déferlements émotionnels son maîtrisés, ou de fantasmes non assouvis, peuplés de stars/d’influenceurs d’un jour, de publicités mensongères ou de fake news.
Les logiques et méthodes managériales d’hier ne font plus recette. Et même les PDG les plus en vogue n’ont plus de prise sur le destin de leur entreprise (cf. l’interview de Carlos Tavares sur l’avenir de l’automobile).
Que reste t’il des ancrages collectifs dans la société post-Covid ?
Le tissu social a de gros trous dans les mailles du filet.
Nous sommes désormais confrontés en tant qu’individu,.. à nous-même. Nus et sans fard, déshabillés de tous les oripeaux prônés par la société de consommation, Il nous faut de plus en plus regarder au plus profond de soi et être conscient de qui nous sommes.
La société de demain se reconstruira à partir de sa plus petite structure, à savoir ses citoyens, dans leur individualité propre, leur capacité à co-créer et à co-agir ensemble. Cette posture de citoyen est à l’opposé des logiques individualistes de « client ».
Dans un monde atomisé, drivé par la nécessité de sauvegarder la planète et ses ressources, le citoyen éclairé devra posséder au moins 7 soft-skills pour faire face aux nouveaux enjeux :
- l‘autonomie
Vivre sans attendre l’intervention d’un tiers, d’un quelconque chef suprême ou père protecteur, ni d’une aide providentielle. C’est à ce prix que chacun devient le créateur de sa propre existence, et trouve ses solutions pour être heureux et aligné.
- la responsabilité
Être conscient des impacts de ses décisions et actions, et agir dans le respect des autres, tout en affirmant sa propre voie/x. Être responsable de ses décisions et de ses choix, assumer ses incohérences, ne pas se sentir coupable parce qu’on ne se reconnaît pas dans la majorité ou qu’on ne suit pas les modes/codes du moment.
- la liberté de choix – le libre arbitre
La liberté de choix se développe dans la diversité, la liberté d’entreprendre, le droit à l’erreur. Trouver différentes options, formuler des hypothèses, définir des scénarii, saisir des opportunités, élargir le champ des possibles, s’avère plus efficace que contraindre les gens à se conformer à un modèle ou à une solution unique. Décloisonner, transposer, créer de nouveaux liens, inventer, deviennent des facteurs de réussite, il n’y a plus un seul modèle de développement.
- la coopération
Cette époque post-industrielle nous a enseigné que nous sommes tous interdépendants les uns des autres. Apprenons à faire appel aux compétences des autres, connaissons ce pour quoi nous sommes doué et mettons-nous en relation avec ceux qui peuvent nous aider à finaliser nos projets. La réciprocité paraît la meilleure façon de reconnaître cette capacité, car elle n’a pas de valeur marchande.
- l’esprit critique
Naviguer entre les fausses informations, les promesses illusoires, les statistiques tronquées, les croyances infondées, nécessite une capacité à questionner le réel, à recouper les sources d’informations, à se remettre en cause, à changer de point de vue, qui n’est pas si simple. Or c’est une capacité fondamentale pour aujourd’hui et pour demain.
- la sagesse et la frugalité
A l’image de certaines civilisations ancestrales, ces 2 qualités reviennent à l’honneur, après des années d’accumulation de biens, d’épuisement de ressources, de production et de consommation de masse. En témoignent les interventions dans la vie publique de chercheurs, artistes, philosophes, hommes de lettres ou moines bouddhistes, qui nous font prendre de la hauteur. La recherche et la préservation des équilibres sont privilégiées, du moins en Europe, pour un modèle de développement plus durable.
- L’engagement
Enfin, ces 6 compétences ne seraient rien sans l’engagement citoyen, la capacité à passer à l’action et à tenir ses convictions dans la durée. Nous avons délégué notre pouvoir de décision à des représentants politiques et à des fonctionnaires, censés nous représenter et nous servir. Or, la période post-crise nécessite la mobilisation de toutes les forces vives du pays, pour sauvegarder nos valeurs, recréer du lien social, et créer des richesses par le travail et l’implication de tous.
Cette liste est loin d’être exhaustive, mais ces sept compétences sont un terreau fertile pour faire émerger un nouveau projet de société. L’éducation nationale devrait s’emparer de ces soft-skills pour en faire son nouveau référentiel.
Il ne suffira pas d’une génération pour désapprendre l’ancien modèle et réapprendre les bases du nouveau paradigme qui s’en vient.